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1 ♦ Personne du sexe masculin, considérée par rapport à son père et à sa mère ou à l'un des deux seulement. ⇒fam. fiston. C'est le fils de M. X; c'est son fils. Fils légitime, naturel. Fils adoptif. Avoir deux fils et une fille. ⇒ garçon. Fils unique. Considérer qqn comme son propre fils. Fils aîné, cadet. Leur plus jeune fils. ⇒ benjamin, dernier. C'est le fils de sa femme, le fils de son mari. ⇒ beau-fils. Le fils de son frère, de sa sœur. ⇒ neveu. Les fils de ses enfants. ⇒ petit-fils. Alexandre Dumas fils. Untel et fils; Untel, père et fils, désigne une entreprise commerciale dirigée par le père et le fils. De père en fils. Amour d'un fils pour ses parents. ⇒ filial . Fam. C'est bien le fils de son père, de sa mère : il a les mêmes défauts, les mêmes qualités (cf. Il a de qui tenir). PROV. Tel père, tel fils : les fils ressemblent à leur père. À père avare, fils prodigue.♢ Fam. Le fils, les fils Durand.♢ Péj. Fils à papa, qui profite de la situation de son père (cf. Gosse de riche). Effacer « de ce visage de fils à papa gavé son air de supériorité, d'obtuse satisfaction » (Sarraute).♢ (En appellatif) Mon fils, terme d'amitié (condescendant ou région.) à l'égard d'un jeune homme. ⇒ petit (mon petit). Bonjour, fils ! ⇒ fiston. — (Injures) Fils de garce, de pute.2 ♦ Relig. chrét. Fils de Dieu, Fils de l'homme : Jésus-Christ. — Absolt Le Fils : la deuxième personne de la Trinité. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.3 ♦ Littér., au plur. Descendant. ⇒ postérité. Les fils de Saint Louis. ⇒ race.♢ Littér. Homme considéré par rapport à son pays natal (⇒ citoyen). Les fils de la France. Un fils du pays. — Par rapport à ses origines sociales. « Fils du peuple », de M. Thorez. Fils de famille. — Vx ou plais. Les fils du ciel : les Chinois.4 ♦ FILS SPIRITUEL : celui qui a reçu l'héritage spirituel de qqn, qui continue son œuvre, etc. ⇒ disciple. « Les écrivains du dix-neuvième siècle, sont les fils de la Révolution française » (Hugo). — (D'un ecclésiastique à un homme) Je vous bénis, mon fils.5 ♦ Celui qui doit son état à. Fils de ses œuvres : celui qui ne doit sa situation, son état qu'à lui-même, qu'à son travail (⇒ self-made-man; autodidacte) .Synonymes :- fiston (familier)- héritier (familier)- rejetonPersonne du sexe masculin originaire d'un lieu, d'un milieuSynonymes :- citoyen- enfantfilsn. m.d1./d Personne du sexe masculin, par rapport à ceux qui l'ont procréé. Fils légitime, naturel.— Fils de famille.— Péjor. Fils à papa, privilégié par l'influence ou la richesse de son père.|| Par ext. Fils adoptif.|| (Afr. subsah.) Enfant, de sexe masculin, de toute personne considérée comme une soeur ou un frère.d2./d (Surtout au Plur.) Litt. Celui qui est issu, originaire de. être fils du peuple.— Les fils d'Apollon: les poètes.d3./d RELIG CHRET Le fils de Dieu, de l'homme: le Christ.— Absol. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit.d4./d Fig. Fils spirituel: disciple ou continuateur d'un maître, d'une pensée, d'une oeuvre, etc.d5./d être (le) fils de ses oeuvres: ne devoir qu'à soi-même la position où l'on est arrivé.⇒FILS, subst. masc.I.— Être humain de sexe masculin, considéré par rapport à son père et/ou sa mère. Fils adoptif, aîné, légitime, naturel, posthume. Mon cher ami, j'ai la grande joie de vous annoncer la naissance de mon fils Pierre qui est survenue le 23 (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1908, p. 85). Fils unique et sans camarade, je n'imaginais pas que mon isolement pût finir (SARTRE, Mots, 1964, p. 150) :• 1. Mais oui, ces liens de père à fils, de fils à père, — si dérisoire qu'il soit d'y seulement penser quand on songe à ce qu'ont été nos rapports — ces liens uniques, à nuls autres comparables, ils existaient bel et bien au fond de chacun de nous!MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1344.A.— [Rapport d'ascendance naturelle]1. [Ascendance directe]a) Emplois partic. Le fils + nom patronymique. Le fils de. On racontait qu'une de ces dernières années, le fils Menier avait frété un yacht (GONCOURT, Journal, 1888, p. 774). Nom patronymique + (père et) fils (gén. pour différencier deux écrivains, deux personnalités). Imaginez les jouissances du pauvre paysan parvenu, quand il entendait sa charmante Césarine (...) quand il l'admirait lui lisant Racine père et fils, lui en expliquant les beautés (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 52). Nom patronymique + et fils (pour désigner une raison sociale). Édité par George Routledge et fils, de Londres, M. Walter Crane a été importé en France par la librairie Hachette (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 211). Fils de personne. Homme qui n'a pas subi l'influence de son père. J'étais orphelin de père. Fils de personne, je fus ma propre cause (SARTRE, Mots, 1964 p. 91). Fils de veuve. Garçon orphelin de père (gén. l'aîné de la famille) considéré comme soutien de famille. À vingt-quatre ans, — comme fils de veuve, il avait été dispensé du service militaire (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 60). Le fils à/ de mon père (pop., en parlant de soi-même) (cf. MUSETTE, Cagayous chauffeur, 1909, p. 8).— Loc. verb. Être bon fils. Avoir du respect pour ses parents; remplir ses devoirs envers eux. Je dois ma première visite à mon père. (...) — C'est juste, Dantès, c'est juste. Je sais que vous êtes bon fils (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 10).b) Expr. et proverbes. Tel père, tel fils. Le fils a les mêmes qualités, les mêmes défauts que son père. Être le (digne) fils de son père. Avoir les mêmes qualités ou défauts que lui; p. ext., fam. avoir égard à son père, se respecter soi-même. Quand on est le fils de son père on n'a pas le droit de détruire le produit de la création et du travail humains (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 365). Le fils est innocent des fautes de son père (cf. PONSARD, Honn. arg., 1853, III, 1, p. 61).— Expr. injurieuse. Fils de chien, de garce, de putain. Meurs donc, fils de chien, puisque tu le veux! (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 170). L'occasion est trop belle de ratatiner quelques fils de garce qui se sont sucrés pendant que nous crevions de faim! (CAMUS, État de siège, 1948, p. 283).c) RELIGION) [Gén. avec une majuscule] Jésus-Christ.— [Considéré dans sa nature divine] Fils de Dieu, de l'Éternel; Fils de l'homme. Nous venons de Judée, où le fils de Dieu est mort et ressuscité (FRANCE, Balthazar, Laeta acilia, 1889, p. 104) :• 2. Entre la Croix et Pâques, il y a trente-six heures pendant lesquelles Jésus va profiter de ce congé que lui donne son corps abandonné et de cette distance momentanée entre l'âme et la chair qui est le privilège d'Adam, le stipendium peccati, ce salaire du péché que le Fils de l'homme a loyalement gagné à la sueur de son front.CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 215.— [Considéré par rapport à la Trinité] Emploi abs. La seconde personne de la Trinité. Père, Fils et Saint-Esprit ne font de même qu'une seule personne! (FLAUB., Tentation, 1874, p. 121).♦ En partic. [Dans une formule sacramentale ou dans celle du signe de croix] « Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, En wagon, 1885, p. 63).— [Considéré dans sa vie terrestre; sans majuscule] : fils du charpentier.) [P. réf. à la parabole de l'enfant prodigue. Évangile de St Luc, 15] Fils prodigue.d) P. ext. [Terme d'affection, d'amitié] D'Épernon (...). — Le roi m'appelle son fils. Ruggieri. — Ce titre, son amitié seule te le donne (DUMAS père, Henri III, 1829, I, 3, p. 127).e) P. anal.— Petit mâle d'un animal. Musette nourrissait (...) un monstre à robe cendrée, (...) un fils de chien de chasse qui tirait comme un veau sur les tétines délicates (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 81).— Pousse ou rejet d'une plante, d'une cellule vivante. La division de la substance chromatique entre les deux noyaux fils (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 79).f) P. métaph. L'été vermeil, Prodigue de trésors, brillant fils du soleil (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 188). Un papillon flotta, fils de la canicule (JAMMES, Géorgiques, 1911, p. 59).2. [Ascendance éloignée, voire très lointaine] Descendant.a) [Par rapport à une même famille, aux générations] Petit-fils, arrière-petit-fils; beau-fils (s.v.). Il enseignait dans son école la piété, l'escrime et l'équitation aux jeunes fils des antiques familles (FRANCE, Île ping., 1908, p. 198). De père en fils, on essayait d'y protéger la vie contre l'hostilité de la nature ou celles d'autres hommes (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 172).b) [Par rapport à la genèse, aux origines de l'homme] Oui, tous les hommes sont fils d'un même père (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 111).c) [Par rapport à une communauté, à une race] Celle-là même [la blessure] qui marque prématurément les fils d'Israël (MASSIS, Jugements, 1924, p. 224). Il est, par contre, des fils de la plus errante des races qui ne rêvent que d'un domaine, d'une maison de famille (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 83).— Fils de France. Fils légitime du roi de France. Il apprit du duc Alexandre la négociation du mariage de Catherine [de Médicis] avec un fils de France (BALZAC, Cath. de Médicis, Introd., 1843, p. 26).♦ Littér. Fils de saint Louis. Descendant de St Louis. Un fils de saint Louis, dernier rejeton de la branche aînée (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 36).B.— P. anal.1. [Ascendance, tutelle morale, spirituelle] Être humain placé sous la tutelle, la protection d'un maître, d'une institution, d'une entité mythique ou symbolique.a) Littér. et poét.— Fils de + subst. désignant une divinité mythologique, source d'inspiration, ou un symbole. Les fils d'Apollon. Les poètes. Fils de Bélial (p. allus. à la Bible). Les méchants. Mort au parti royal! Point d'alliance avec les fils de Bélial! (HUGO, Cromw., 1827, p. 77). Fils de l'enfer. Diable. Je ne suis pas plus le fils de l'enfer que vous n'êtes le fils de votre chambre (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 15). Les fils de l'harmonie. Les musiciens. Quelques fils de l'harmonie rangés au bas d'un large rideau, exécutoient des airs tristes qu'on n'écoutoit pas (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 207). Les fils de Mars. Les guerriers. Les fils de Mercure. Les voleurs, les escrocs. Nous voilà [les six voleurs et moi] de nouveau occupés de fêter Bacchus. Les fils de Mercure boivent sec et dru (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 132). Fils des Muses. Les écrivains, les poètes. Les fils des Muses, les plus nobles et les plus reconnaissants des hommes (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 661).— Fils de + subst. désignant une entité personnifiée. Peut-être suis-je heureux, moi, d'être un fils de la chance (COCTEAU, Machine infer., 1934, p. 125).b) RELIGION— Fidèle chrétien par rapport à sa foi. Je suis le fils soumis de l'Église catholique, apostolique et romaine (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 109).♦ En appellatif. [Dans la bouche d'un prêtre] Mon fils, mes fils.— Fils de. Religieux de (l'ordre de). Un des plus suaves élèves de Jehan Fouquet s'est représenté, ceint de la cordelière des fils de Saint François (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 463).— Le Fils aîné de l'Église. ,,Qualification donnée au roi de France`` (Ac. 1835-1932).c) Disciple par rapport à un maître, à un enseignement. Toi, vieux gaulois et fils du bon Villon (BANVILLE, Odes funamb., 1859, p. 283). Fils de l'Université et des Taine et des Renan et des Michelet, je m'adresse aux fils de l'Université. Cela peut être utile (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911, p. 18). L'élève de Philip. Son élève, en effet : son second, son fils spirituel (MARTIN DU G., Thib., La Consult., 1928, p. 1063).d) Au fig. Œuvre par rapport à son créateur. Il [Canova] a passé plusieurs années à retoucher ce tableau, fils heureusement unique de sa vieillesse (SAND, Lettres voy., 1837, p. 32).2. [Rapport d'origine, de provenance] Fils de. Personne native, issue de.a) Domaine géogr. Il est le fils de la terre lorraine et de l'océan breton (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 27).— Littér., au fig. Fils de la mer (synon. de marin), de la terre (synon. de paysan). Fils de la mer! Qu'as-tu vu? Entends-moi! Réponds-moi! (CLAUDEL, Chr. Colomb, 1929, p. 1150).— P. anal. et au fig. Le fleuve prend sa vie aux sources du mystère. Il est le fils des monts déserts et des glaciers (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 224). Mes petits singes devenaient tristes (...) ces fils blonds du Capricorne (CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p. 21).b) Domaine soc. A-t-il vu beaucoup de fils de chiffonniers nommés ambassadeurs? (MÉARD, Rêv. païen, 1876, p. 170). Ce petit Anglais, ce fils de riche (MAURIAC, Asmodée, 1938, IV, 13, p. 176). Je suis fils de bourgeois. Je lutte contre ma classe de toutes mes forces (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 175).— Emplois partic. Fils de (bonne) famille. Garçon issu d'une famille riche. Je suis un fils de bonne famille, mon père possédait même une écurie de course mais voilà... (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 163). Fils à papa. Garçon avantagé par la fortune de ses parents. Mme Séverine, qui ne badine pas sur le chapitre de la morale, nous traita de « fils à papa » (L. DAUDET, Dev. douleur, 1931, p. 255). Fils de patron. Dans la carrière médicale, garçon, homme avantagé par le rang qu'occupe son père. Le fils est encore ce que l'on appelle en médecine un fils de patron (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 137). Fils d'archevêque (arg. naval). Élève privilégié par la situation élevée de son père. « Une promotion (à l'École navale) aussi forte (...) ne se justifiait que par le [lire la] nécessité de faire une position à quelque fils d'archevêque » (Mot d'ordre, 1887) (FUSTIER, Suppl. dict. Delvau, 1889, p. 537).— Loc. verb. fig. Être le fils de ses œuvres. Ne devoir sa réussite qu'à ses propres qualités. Le peuple qui riait des blasons, s'habitua à se croire uniquement fils de ses œuvres; le peuple se trompa, il a ses ancêtres tout comme les rois (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 29). Fils légitime de mes œuvres. Je me relève aussi facilement que je tombe (RENARD, Journal, 1899, p. 527).3. Appellatif, fam. [Terme d'affection, d'amitié]. Réjouissez-vous, mes chers fils et mes chères filles (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 140).Rem. En appellatif, la docum. atteste la forme région. ou vieillie mon fi. Le vieux commençait ses jérémiades : — Ça ne peut pas durer longtemps comme ça, mon fi (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 54).C.— Au fig. Chose qui résulte d'une autre, est engendrée par elle. (Quasi-)synon. conséquence, produit, résultat. Les succès sont toujours les vrais fils de l'audace (LAYA, Ami loix, 1793, II, 2, p. 30).II.— Être humain de sexe masculin. Accoucher d'un fils. Synon. garçon, homme (en emploi abs.).— Vx, fam. [En appellatif] Vous êtes cent contre un! Pardieu! Le bel effroi! Fils, cent maravédis valent-ils une piastre? (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 289).— Péj., vx. Beau fils. Jeune homme qui parade, se fait remarquer par des dépenses, des excès. Faire le beau fils. C'était [Frédéric Marest] d'après les renseignements obtenus par la police de l'Étude, un beau fils de vingt-trois ans (BALZAC, Début vie, 1842, p. 440).— P. iron. [P. allus. à Marot] Au demeurant, le meilleur fils du monde (cf. FRANCE, Rabelais, 1909, p. 85).REM. Filliot, filliotte, fillot, fillotte, filiot, filiotte, subst., vieux, appellatif. Mon fils, ma fille. Bourgeois, vint dire la servante (...) votre cheval a mangé l'avoine. — Eh bien! attelle-le, la filliotte (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 111). Dis-donc, filiot! (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 352). Toi, mon garçon! toi, mon fillot! s'écria le vieillard (FABRE, Norine, 1889, p. 34).Prononc. et Orth. :[fis]. l purement graph., supprimé partout ailleurs dès le XIIIe s., n'a été conservé que dans aulx (plur. de ail), fils, pouls ainsi que dans l'orth. archaïsante de mots du type de aulne et famille (aune), faulx (faux), faulde (faude). Cf. BUB. 1935, § 113. On rappelle qu'à partir du XIIIe s. et jusqu'au XVIe s. l's final s'efface progressivement devant consonne, mais qu'il se fait toujours sentir comme sonore [z] devant voyelle et comme sourde [s] en finale absolue. À partir du XVIIIe s. il s'efface en finale absolue, ne subsistant que dans le cas de liaison étroite devant voyelle (sous forme de [z]). L'on prononce très régulièrement [fi] dans un fils ou dans le fils prodigue. La restauration de l's dans ce type de mots (fils, ours) date du XVIIIe s. (cf. BOURC. 1967, § 160). Elle s'explique dans le cas de fils par une prononc. affective d'un mot souvent empl. au vocatif (cf. Domergue ds BUB. 1935, § 217). L'anc. prononc. du XVIIe s. [fi] est encore recommandée ,,quand le mot ne termine pas la phrase`` (donc devant consonne dans le cours d'une phrase : votre fils nous a déçus [finuzadesy]) ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841. Ils rejoignent ainsi l'anc. système où s est prononcé sonore devant voyelle, sourd à la pause, mais s'efface devant consonne dans la phrase. Mais d'apr. LITTRÉ l'habitude de prononcer [fis] à la pause aussi bien que devant consonne est une mauvaise prononc. Après LITTRÉ, la prononc. [fi] est considérée comme vieillie ds DG, MART. Comment prononce, 1913, pp. 302-303, ds ROUSS.-LACL. 1927, p. 169, ds NYROP Phonét. 1951, § 172 et 254 qui cite un passage de Monsieur Bergeret à Paris d'Anatole France : ,,Mademoiselle Lalouette avait d'excellentes manières... Elle parlait bien. Elle avait gardé la vieille prononciation. Elle disait (...) Un fi.`` Cette prononc. est considérée comme provinciale ds BARBEAU-RODHE 1930. Elle s'est conservée plus longtemps (bien qu'elle ait aussi disparu là aujourd'hui) dans des expr. relig. du type au nom du fils ou le fils de l'homme. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Ac. 1798-1878 souligne : ,,On ne prononce point l'l``. Ac. 1932 ajoute : ,,Et on fait sentir l's``. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié du Xe s. fils « être humain du sexe masculin considéré par rapport à son père et/ou sa mère » (Saint Léger, éd. J. Linskill, 16); 2. fin Xe s. fils Deu « Jésus-Christ » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 180); 3. 1re moitié du XIIe s. « humanité, hommes considérés par rapport à leur ascendance » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, IV, 4 : li fil des humes). Du lat. class. filius « fils, enfant »; « descendants » en b. lat. La forme actuelle représente l'anc. cas sujet conservé en raison de son emploi fréq. comme vocatif et prob. aussi pour éviter la confusion avec fil. Fréq. abs. littér. :21 757. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 37 340, b) 35 961; XXe s. : a) 30 102, b) 23 292. Bbg. JOHNSON (Ph.). Huon de Bordeaux et la sém. de l'enfes. Z. rom. Philol. 1975, t. 91, p. 72. — KUZNECON (A.M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye. 1974, n° 125, pp. 8-9.fils [fis] ([fi] jusqu'au XIXe) n. m.ÉTYM. V. 1080; cas sujet de l'anc. franç.; du lat. filius.❖1 Être humain du sexe masculin, considéré par rapport à son père et à sa mère ou à l'un des deux seulement. ⇒ Enfant, garçon, héritier (fam.), rejeton; fieu, fiston. || Qualité de fils. ⇒ État (cit. 68). || Fils légitime. || Fils naturel, adultérin, incestueux. || Le Fils naturel, drame de Diderot. || Avoir un, deux fils. || J'ai donc un fils. → Perpétuer, cit. 2. || Premier fils, fils aîné (cit. 2). || Fils puîné, fils cadet. || Fils unique. || Fils posthume. || C'est le fils de sa femme, le fils de son mari. ⇒ Beau-fils. || La femme de son fils (⇒ Belle-fille, bru). || Les fils de ses enfants. ⇒ Petit-fils. || Le père et le fils. || Une mère et son fils, et ses fils. || Il, elle a un fils. || « Le meunier, son fils et l'âne », fable de La Fontaine (III, 1). — ☑ Loc. De père en fils : par descendance directe (→ Armature, cit. 4). — Watteau fils (→ Évaporer, cit. 14). || Alexandre Dumas fils. || Un tel et fils; Un tel, père et fils, désigne une maison de commerce dirigée par le père et le fils. || Le fils, les fils Durand. || Les Quatre Fils Aymon, chanson de geste du XIIe siècle. — ☑ Loc. Tel père, tel fils. — ☑ Loc. fam. C'est bien le fils de son père : il a de qui tenir. || Fils élevé dans la profession du père (→ Enfant de la balle). — Aimer (cit. 7) son fils (→ Affection, cit. 10). || L'amour d'un fils pour ses parents. ⇒ Filial. || Bon fils. || Fils ingrat, dénaturé (cit. 9 et 10), égaré (cit. 25). || Offenses d'un fils (→ Évanouir, cit. 7). || Fils prodigue. — ☑ Prov. À père avare (cit. 4), fils prodigue. — Femme qui donne un fils à son mari (→ Enceinte, cit. 1). || S'il avait eu un fils d'elle… (→ Espérance, cit. 38). || Concevoir (cit. 3), enfanter (cit. 2) un fils.1 Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte (…)Corneille, le Cid, I, 5.2 Hélas ! un fils n'a rien qui ne soit à son père.Racine, Athalie, IV, 1.3 Et son fils, jeune encore (…)Voltaire, la Henriade, VIII, 95-96 (→ Ardent, cit. 20).4 Ses fils l'encadraient en silence. Et Jacques se souvint d'une phrase qu'il avait lue il ne savait plus où : « Quand je rencontre deux hommes, l'un âgé et l'autre jeune, qui cheminent côte à côte sans rien trouver à se dire, je sais que c'est un père avec son fils ».Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 197.5 Je ne vois pas une différence de génération entre un père et un jeune fils, mais la distance de deux mondes incommunicables : la jeunesse et la maturité.J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 59.♦ ☑ Loc. Le fils de la maison, du maître et de la maîtresse de maison.♦ ☑ (1606, in D. D. L.). Fils de famille, qui appartient à une famille riche, privilégiée. ☑ Péj. Fils à papa, qui profite de la situation de son père. → Gosse de riches. — REM. La tournure le fils à Un tel est pop.6 À peine eut-il sa liberté, qu'il se jeta sans réflexion dans tous les travers d'un fils de famille.A. de Musset, Nouvelles, Deux maîtresses, I.7 Son père, qui le destine à la profession militaire, mais qui tient à lui faire voir d'abord le « grand monde », l'envoie alors à Paris. Il y vient en fils de famille avec son valet et ses laquais, fréquente moins le grand monde que le monde où l'on s'amuse, et perd ou gagne quelques mois dans les divertissements, les parties et surtout le jeu.Valéry, Variété V, p. 213.7.1 Il avait envie de lui arracher son béret, ses gants, sa petite cravate, ses souliers neufs, de le secouer pour faire sortir de lui toutes ces convoitises sournoises, cette ruse craintive qu'elle avait fait germer en lui, proliférer, d'effacer de ce visage de fils à papa gavé son air de supériorité, d'obtuse satisfaction (…)N. Sarraute, le Planétarium, p. 167.8 Double fils de putain, de trop d'orgueil enflé !Molière, Amphitryon, III, 6.♦ Par anal. || Fils adoptif. || Adopter pour fils (→ Accepter, cit. 4). || Cet enfant est un fils pour lui, il le considère comme son fils. — ☑ Allus. hist. Toi aussi, mon fils ! (cf. mot lat. Tu quoque, fili !). || Mon fils (condescendant ou régional), terme d'amitié, d'affection à l'égard d'un jeune homme. ⇒ Petit (mon petit). || Bonjour, fils ! ⇒ Fiston.9 Figaro :Allons, Figaro, vole à la fortune, mon fils.Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 6.♦ Spécialt (d'un ecclésiastique à un homme). || Je vous bénis, mon fils.2 Fils de Dieu, fils de l'homme : Jésus-Christ. Absolt. || Le Fils : la deuxième personne de la Trinité. || Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.10 Or ce Fils bien-aimé qu'on nomme Jésus-Christ,Au ventre Virginal conçu du Saint-Esprit,Vêtit sa déité d'une nature humaine,Et sans péché porta de nos péchés la peine (…)Ronsard, Réponse aux injures et calomnies.11 Et voilà une voix du ciel, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection.Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, III, 17.12 Le titre de « Fils de Dieu », ou simplement de « Fils », devient (…) pour Jésus un titre analogue à « Fils de l'homme » et, comme celui-ci, synonyme de « Messie », à la seule différence qu'il s'appelait lui-même « Fils de l'homme » et qu'il ne semble pas avoir fait le même usage du mot « Fils de Dieu ». Le titre de Fils de l'homme exprimait sa qualité de juge; celui de Fils de Dieu, sa participation aux desseins suprêmes et sa puissance.Renan, Vie de Jésus, in Œ. compl., t. IV, p. 237. (→ aussi Antéchrist, cit. 2; asseoir, cit. 25; consacrer, cit. 2; consubstantialité, cit.; effectif, cit. 3; effusion, cit. 5; entendre, cit. 55; esprit, cit. 15).3 Par ext. Personne du sexe masculin qui descend (de qqn), est originaire (d'un lieu). ⇒ Descendant; descendance, postérité. || Les fils de Saint Louis. ⇒ Race. || Les fils des pèlerins du Mayflower. || Les fils des conquérants espagnols en Amérique latine. || Fils de paysans (→ Attachement, cit. 20).13 Fils des rois et des dieux, mon fils, il faut servir.Voltaire, Mérope, V, 4.♦ Littér. Homme considéré par rapport à son pays natal. ⇒ Citoyen… || Les fils de la France. || Fils d'Albion : Anglais. || Les fils d'Israël : les Juifs. Spécialt (hist.). || Fils de France : enfant mâle des rois de France.♦ Myth. || Les fils de la terre : les Géants qui tentèrent d'escalader le ciel. || Les fils du ciel : les Chinois. — Fils du Soleil. ⇒ Inca.♦ Par rapport à ses origines sociales. || Fils du peuple (titre des Mémoires de Maurice Thorez).13.1 Quand nous disons : « Nous sommes les Fils du Peuple », la Chine le comprend comme elle comprenait : le Fils du Ciel. Le Peuple est devenu les ancêtres. Le Peuple, pas le parti communiste vainqueur.Malraux, Antimémoires, Folio, p. 560.4 Fig. || Fils spirituel : celui qui a reçu l'héritage spirituel de qqn, qui continue son œuvre, etc. ⇒ Disciple. || Un fils spirituel de Pascal, de Hegel.14 Les poètes du dix-neuvième siècle, les écrivains du dix-neuvième siècle, sont les fils de la Révolution française (…)Hugo, Post-scriptum de ma vie, Tas de pierres, I.15 (…) Les publicistes du dix-huitième siècle dont Bonaparte était le fils spirituel.J. Bainville, Hist. de France, XVII, p. 396.♦ Fils en Jésus-Christ : fidèle, par rapport à son père spirituel, et, spécialt, le roi de France, par rapport au pape. || Fils aîné de l'Église, titre donné au roi de France. — Les fils de saint Benoît, de saint Bruno : les Bénédictins, les Chartreux.♦ Littér. || Fils d'Apollon : poète. || Fils de Mars : guerrier. || Les fils de la victoire.♦ Fils de Roi (expression créée d'après l'arabe par Gobineau) : être d'élite (→ ci-dessous cit. 16).16 Quand le conteur arabe, prêtant la parole à son héros, débute dans ses récits par lui faire prononcer ces mots sacramentels : « Je suis fils de Roi » (…) jamais (…) il n'est question de la Majesté inconnue à laquelle le personnage prétend devoir la naissance (…) Ce narrateur établit du premier mot, et sans avoir besoin de détailler sa pensée, qu'il est doué de qualités particulières, précieuses, en vertu desquelles il s'élève naturellement au-dessus du vulgaire (…)A. de Gobineau, les Pléiades, I, 2 (cf. Toute la fin du chapitre).5 Celui qui doit son état à…♦ ☑ Fils de ses œuvres : personne qui ne doit sa situation, son état qu'à lui-même, qu'à son travail (⇒ aussi Autodidacte).17 (…) nous n'avons pas ce qu'on appelle une fortune assise. Je suis le fils de mes œuvres (…)France, Jocaste, I, Œ., t. II, p. 17.18 (…) mes parents étaient des industriels d'Amiens et fabriquaient du velours. Ils étaient à leur aise (je ne prétends pas être le fils de mes œuvres).A. Maurois, la Terre promise, XVIII.♦ En parlant de choses du genre masculin. ⇒ Effet, résultat. || « Des vers fils de l'amour… » (→ Étude, cit. 35, A. Chénier).6 Enfant du sexe masculin. ⇒ Garçon. || Elle a accouché d'un fils. || Il naquit deux fils de ce mariage.❖DÉR. Fiston. — (Du lat. filius.) V. Affilier, filial, filiation.COMP. Beau-fils, petit-fils.
Encyclopédie Universelle. 2012.